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Ousmane Diagne (Li Po Chun Hong Kong 1994-1996) dans l'Observateur du 28 novembre 2010

OUSMANE DIAGNE, EXPERT FINANCIER : « Un villageois du Cayor, du Walo ou du Baol peut comprendre ce qui se passe à Wall Street»

 

 

   Par M. L. BADJI | Lobservateur | Dimanche 28 novembre, 2010 04:36  | Consulté 3941 fois  | 52 commentaires   Favoris
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Expert financier, Ousmane Diagne est Directeur des investissements de la société Timbuktu, basée à Massachusetts aux Etats-Unis et spécialisée dans la gestion de portefeuille, la consultance et le conseil en investissements. Il compte mettre à profit sa visite au Sénégal, depuis quelques jours, pour promouvoir, à travers des séances de formation, les connaissances sur la bourse aux fins d’un bon usage. M. Diagne soutient que les informations du marché sont accessibles à «n’importe qui».
 
 

M. Diagne, pourquoi sentez-vous la nécessité d’organiser des séances d’information sur la bourse ?

 

 

C’est parce que la crise de 2007 et de 2009 nous a montré qu’on est dans un monde connecté et que des choses qui se passent à Wall Street peuvent affecter les gens au Sénégal, et il faut que les gens ici puissent comprendre comment cela peut les affecter. On a vu que la crise a affecté tout le monde et cela continue jusqu’à présent. Avec l’Internet, il faut que les gens sachent comment interpréter les informations qu’ils ont sur le marché financier. Par exemple, ils doivent savoir ce que signifie « le dow Jones a augmenté » ou « a baissé » ou quand on parle de Nasdaq (Ndlr, le plus grand marché électronique d'actions du monde). En même temps, les gens ont besoin de savoir comment y tirer profit. C’est pourquoi cela a toujours été une passion pour moi de travailler pour le développement du Sénégal et de l’Afrique.

 

 

Comment vous y prendrez-vous pour sensibiliser les gens sur les opportunités qu’offre l’information boursière ?

 

 

L’essentiel est que les gens comprennent les informations qu’ils ont en possession et comment cela peut avoir un impact sur leur vie. Les opportunités viendront ensuite toutes seules.

Est-ce que l’Afrique est présente sur la place de New York ?

L’Afrique est présente avec l’Afrique du Sud et quelques compagnies minières. Il y a aussi des multinationales présentes au Sénégal et un peu partout, par exemple Tigo, propriété de Millicom International, qui est présente dans le Nasdaq. Il y a aussi le Sénégal et d’autres pays africains qui émettent des bons d’obligation à la bourse. Mais la présence du continent est assez timide et il faut essayer de l’améliorer.

 

 

Le ministre de l’Economie et des Finances a dit que le Sénégal envisage de lancer un emprunt obligataire de 500 millions de dollars sur plusieurs marchés internationaux, dont celui de New York. Pensez-vous que cela attirera des investisseurs à New York ?

 

 

Bien sûr ! Ce n’est pas la première fois que le Sénégal fait un emprunt sur le marché international. Avec le bond fait ces dernières années, cela peut vraiment réussir pour le Sénégal. Mais, le plus important est que les gens d’ici aient une culture de bourse et une éducation sur ces questions. Moi, je préfère ne pas me concentrer sur la question de savoir comment un villageois dans le Cayor, le Walo ou le Baol peut comprendre ce qui se passe à Wall Street, amener aussi les citadins à en avoir une idée pour ensuite tirer profit des informations qu’ils ont.

 

 

Concrètement, comment une personne lambda peut-elle appréhender des informations du marché ?

 

 

Par exemple, quand la Russie a suspendu l’exportation du blé (en mi-août dernier), on s’est retrouvé avec un pain plus cher, ce qui a affecté tout le monde. Récemment, le prix du coton a été très élevé, ce qui n’est pas sans conséquences pour le cultivateur à Tambacounda. Un autre exemple, il y a eu un village en Namibie où travaillaient des miniers, mais avec la crise de 2007, les Américains ont arrêté d’acheter du diamant. Ce qui a conduit à la fermeture de la mine deux ou trois mois après. Donc en sachant qu’il y a une crise à Wall Street, on peut s’attendre à ce qu’il y ait un débrayage des activités d’exploitation minière. Ainsi, quelqu’un qui est connecté et qui a ces informations peut savoir comment cela peut l’affecter. Un villageois du Ndiambour - où il y a beaucoup d’émigrés - qui est au courant d’une crise en Irlande, en Espagne ou au Portugal, peut comprendre et s’attendre à des conséquences comme une baisse des transferts d’argent si celui qui lui envoie l’argent perd son boulot.

 

 

Est-ce que les informations souvent très techniques du marché ne sont pas un obstacle à la compréhension et donc à leur exploitation ?

 

 

Notre but est justement de traduire l’information – qui est technique – et la rendre compréhensible par n’importe qui, en essayant d’utiliser des termes et des concepts qui sont familiers. J’ai toujours pensé que les gens qui connaissent les marchés de Sandaga ou de poissons peuvent facilement comprendre Wall Street car les dynamismes de marché sont les mêmes. Il y a l’offre et la demande et il y a plusieurs raisons qui font qu’un produit soit plus demandé qu’un autre.



29/11/2010
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